Le Général de Gaulle à Londres
Suite à la défaite de Dunkerque le Général de Gaulle se replie à Londres. Nous sommes en 1940 et Jacques Cartier à la demande de son représentant londonien -Etienne Bellenger, met en place des facilités pour le Général. Il est tout d’abord accueilli à Putney Hill, il peut aussi compter sur un véhicule et un bureau au siège londonien de Cartier : le 175 Bond Street. Début 1941 la médaille qui sera par la suite symbole de ralliement de la Résistance française -la croix de Lorraine- sort des ateliers Cartier de Londres.
Pour en savoir plus sur cette période riche en décisions lisez cet article du Telegraph.
L’oiseau en cage de Cartier
Paris, 1942. Les allemands occupent la capitale, les officiers se sont installés au Ritz à deux pas de la boutique Cartier. Depuis quelques années, Jeanne Toussaint surnommée la Panthère est à la tête de la direction artistique de la maison. Son talent est déjà reconnu dans le monde entier et c’est elle qui décide de rester à Paris face à l’occupant pour diriger la Maison Cartier. On craint que le stock de pierres et de bijoux de haute joaillerie ne soit saisi. Ainsi les plus belles pièces de la maison sont déplacées secrètement en zone libre à Biarritz.
Lui vient alors l’idée de concevoir pour Yvonne Printemps -surnommé le Rossignol- en 1938 un bijou symbole de la France occupée. Elle demande à son plus talentueux collaborateur, Peter Lemarchand de dessiner le bijou qu’elle a imaginé. Grâce à son audace et à son courage, le bijou représentant la France occupée est né. Les éminences de la gestapo repèrent vite ce bijou dans les vitrines de la rue de la Paix.
Sous cet aspect pittoresque se cache un fort message de protestation face à l’occupant. Celui-ci ne tarde pas à convoquer madame Toussaint. Fort heureusement pour Jeanne, son amie Coco Chanel est l’amante d’un gradé de la gestapo. Ainsi Jeanne Toussaint est relâchée après trois jours d’interrogatoire.
Plusieurs dessins d’archives témoignent de l’importance du sujet, de son traitement et de son évolution.
Les bijoux de la Résistance
Certains particuliers n’hésitaient pas à traduire leur position de résistance par leurs bijoux. C’est le cas d’une cliente de chez Cartier Françoise Leclercq qui, horrifiée par la rafle du Vel d’Hiv et la persécution des juifs, passe commande en 1942 d’une étoile en or, rappelant l’étoile juive. Elle fait d’ailleurs fondre ses propres bijoux religieux pour réaliser l’étoile.
La broche de la libération
L’oiseau libre devient le pendant du premier (occupé). Il traduit la libération de la France, de Paris et en fait le bijou patriotique. Cartier et Van Cleef & Arpels réalisent des broches Oiseau libéré.
Sur cette broche Cartier emblématique on retrouve les couleurs du drapeau français : le lapis-lazuli pour le bleu, les diamants pour le blanc, le corail pour le rouge, tandis que la broche Van Cleef & Arpels opte pour un sertissage de l’oiseau tout de rubis et de diamants.
L’année suivante l’oiseau est complétement sorti de sa cage chez Cartier et peut à nouveau chanter sur sa branche.
Voici un foulard de soie créé par la maison Lanvin illustrant à merveille le succès du motif de l’oiseau libéré.
En cette période difficile les bijoux deviennent un moyen de véhiculer un message de protestation, une façon d’afficher ses convictions. La broche oiseau de Cartier en est un magnifique exemple. Entre Libération et Résistance, les créations joaillières sont des témoins précieux de l’époque.
Si vous souhaitez en connaître davantage sur la vie de Jeanne Toussaint precipitez vous sur le roman écrit par Stephanie des Horts. “Le fabuleux roman de Jeanne Toussaint, joaillière des rois” aux éditions JC Lattès.
Si vous avez aimé cet article Libération et Résistance : créations joaillières, vous pouvez retrouver d’autres articles consacrés aux iconiques de la maison Cartier rendez-vous sur le Blog de Diamantiques.com.