Tout au long de l’histoire furent représentés dans le métal et les pierres précieuses oiseaux, chiens, chevaux, serpents… Porter un bijou animalier n’est pas simplement un choix esthétique. Les animaux multiplient les symboles liés aux religions et aux croyances populaires. Dès la Préhistoire, l’homme orne à la fois les parois de la grotte Chauvet de chevaux et revêt des colliers composés de dents de bovidés, renards, des coquillages…
L’Antiquité fait la part belle aux bijoux animaliers. Chez les Egyptiens, les pharaons portent des bijoux en or aux motifs-attributs des dieux : scarabées, faucons ou serpents. Les Romains et les Grecs quant à eux s’intéressent au serpent, symbole de l’Orient mais aussi de l’éternité.
À la Renaissance, les animaux reviennent avec notamment l’utilisation des perles baroques. Ils évoquent ces « nouvelles » terres lointaines peuplées d’animaux fabuleux et mystérieux. C’est aussi la re-découverte des textes antiques comme les Métamorphoses d’Ovide avec Léda et le Cygne.
L’avènement de l’Empire en 1804 marque le retour de la culture antique et de ses bracelets serpentiformes. À cela s’ajoute l’émergence d’un courant durable, l’Egyptomanie. Les batailles menées en Égypte par Napoléon, la découverte de la pierre de rosette et le déchiffrage des hiéroglyphes, sont autant de nouveautés reprises minutieusement dans les parures des premières maisons parisiennes.
La parure féminine est marquée par les différents courants exotiques qui jalonnent ce siècle. Avec l’arrivée de Zarafa à Paris en 1811, les femmes portent des bracelets « à la girafe ». Au Japon, avec la fin du blocus et l’avènement de l’ère de Meiji (après 1868), les katagami, des riches pochoirs ornés de carpes, coqs, sauterelles et autres insectes, parviennent en Europe et inspirent directement des artisans comme René Lalique.
Au XXème siècle d’autres animaux s’inscrivent au répertoire ornemental de la bijouterie. Les guépard, lévrier ou gazelle témoignent de cette fureur de vivre des années 1920 et de ce nouvel engouement pour la vitesse– directement lié à l’expérience automobile.
Avec l’arrivée de la Seconde Guerre Mondiale, le discours change et le motif des oiseaux est utilisé pour traduire la détresse de la France soumise au joug allemand. A cette époque en signe de résistance, la créatrice de la maison Cartier Jeanne Toussaint, la célèbre Panthère, remplit sciemment une de ses vitrines d’oiseaux tricolores enfermés dans des cages. A la sortie de la guerre, elle créera des oiseaux chantants dans des cages aux portes ouvertes.
Depuis, les grandes maisons de la place Vendôme continue de créer des parures pleines de vie, ornées d’animaux qui sont parfois devenus l’emblème de la marque. La maison Cartier se rattache ainsi à la panthère tandis que la maison Boucheron réalise régulièrement des parures habitées de serpents. Chez Chaumet, le motif de l’abeille – en souvenir des commandes impériales – est devenu un véritable poncif.
Certains animaux reviennent régulièrement dans le répertoire de la bijouterie-joaillerie, revêtant la parure de symboles. Le papillon que l’on retrouve notamment sur ce cadran de montre signé John Isaac, représente les temps de la vie et le caractère éphémère des choses : depuis la chenille jusqu’au papillon en passant par la chrysalide. Quoi de plus logique que de retrouver cet insecte sur un instrument mesurant le temps qui passe…
La symbolique du serpent est plus complexe. Il est à la fois l’image du bien et du mal : car tentateur d’Eve dans le jardin d’Eden, il est aussi créature issue de la Terre, et en cela symbole de fertilité.
Quant au motif du « serpent se mordant la queue », que l’on retrouve souvent sur les bagues de fiançailles de la fin du XIXème siècle, c’est la promesse d’une éternité, d’un amour sans cesse renouvelé.
Le chien semble bien le dernier arrivé dans notre répertoire animalier.
Que vous soyez Loulou de Poméranie dans les années 50, teckel la décennie suivante, scottish dans les années 70, ou chihuahua en 2015, vous exprimez en portant un tel motif votre indéfectible fidélité, votre goût pour la chasse, ou tout simplement votre originalité !
Article A poils et à plumes dans le Vanity Fair de Décembre 2016-Janvier 2017