Référence de l’horlogerie de luxe, la Manufacture Jaeger-LeCoultre propose des créations qui allient perfection technique et raffinement esthétique, la plus emblématique de la marque étant sans doute la Reverso.
Classique, innovante et intemporelle, son histoire et son boîtier original en font une pièce incontournable pour les amateurs de haute horlogerie. Tout commence en 1930. César de Trey, habile commerçant suisse et fin connaisseur de l’horlogerie, est revendeur pour les maisons Jaeger et LeCoultre (encore indépendantes, elles décideront de s’associer en 1937 sous le nom Jaeger-LeCoultre face aux succès de leurs différentes collaborations).
Afin de développer le marché, il part en Inde. A cette époque, les officiers britanniques qui y sont établis sont des joueurs invétérés de polo. Assistant à certains matchs, De Trey, réalisa que les montres, dont le verre était encore réalisé en cristal, étaient bien trop fragiles pour supporter les chocs dus à la pratique du sport. L’histoire raconte qu’à l’issue d’un match, l’un des joueurs lui aurait présenté le verre brisé de sa montre et l’aurait mis au défi d’en créer une capable de supporter les chocs de son sport favori. César de Trey eut alors l’idée d’un boîtier réversible pour protéger le cadran, qu’il exposa au célèbre horloger suisse Jacques-David LeCoultre. Ce dernier, conquis par l’idée, travailla en étroite collaboration avec son partenaire privilégié, le grand horloger français Edmond Jaeger.
Tous deux firent finalement appel à l’ingénieur français René-Alfred Chauvot qui releva brillamment le défi : César de Trey, satisfait dès les premiers schémas de l’ingénieur, suggéra le nom de Reverso, aujourd’hui mythique, qui signifie en latin ” je me retourne “. C’est ainsi que le brevet d’invention d’« une montre susceptible de coulisser dans son support et pouvant se retourner complètement sur elle-même » fut déposé le 4 mars 1931.
Les premières pièces, lancées dès la fin de l’année 1931, connurent un succès immédiat. Très vite, la Reverso habille des poignets prestigieux tel que celui du roi Edward VII d’Angleterre qui commanda une Reverso en 1936 pour y faire graver ses armes ou celui du prince Aage du Danemark, qui envoya une lettre à LeCoultre en 1934, pour lui signifier la satisfaction que la Reverso lui procurait. Ce dernier, alors militaire dans la légion étrangère de l’armée française, prouve la robustesse de la Reverso, dont LeCoultre fera d’ailleurs la publicité durant la 2nde guerre mondiale.
Le succès de la Reverso s’explique par son mécanisme original : première en son genre, un simple geste permet de faire pivoter le boîtier sur lui-même, la face fragile de la montre étant alors remplacée par son dos solide en acier qui permet à chaque possesseur de personnaliser sa Reverso par une gravure ou un motif en émail, conférant à la montre un caractère unique.
Son design particulièrement élégant en fait une icône de l’Art déco, mouvement traversant le monde entre 1920 et 1939 et prônant l’utilisation de formes géométriques simples et épurées tout en respectant la dimension fonctionnelle des objets et des réalisations architecturales de l’époque. Elle en concentre les valeurs, de l’esthétique sobre de son boitier, à ses formes géométriques et ses lignes épurées en passant par son cadran rectangulaire dont la célèbre minuterie chemin de fer occupe le pourtour.
La Reverso reste pourtant un intemporel de l’horlogerie de luxe qui, tout en étant fidèle à sa personnalité originelle, a su évoluer sans perdre son âme :
” En concevant la Reverso, une poignée d’hommes firent bien plus que créer un simple boîtier réversible, ils inventèrent une émotion qui perdure depuis plus de quatre-vingts ans.”
Jérôme Lambert, ancien président de Jaeger-LeCoultre
