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Lucien Gaillard le technicien joaillier de l’Art Nouveau

7 juillet 2022

Lucien Gaillard est un maître joaillier de la période Art Nouveau. A l'instar des Vever, il appartient à un famille établie dans la profession (orfèvrerie). Aujourd'hui moins connu que René Lalique, Lucien Gaillart a pourtant largement contribué à l’évolution des techniques de la joaillerie, de l'orfèvrerie et au développement du courant Japoniste en France.

Bague en or jaune et émail sertie d’un diamant taille ancienne. 1905. Crédit Photo: Christie’s

Les débuts 

La maison Gaillard est fondée en 1840 par le grand-père de Lucien : Amédée. La maison est consacrée à l’orfèvrerie-bijouterie (les deux métiers souvent rassemblés car issus d’une même  corporation). Ernest le fils d’Amédée dirige ensuite l’atelier familial et s’engage dans la formation professionnelle de ses pairs. Membre du Tribunal de Commerce de Paris, il est aussi Président de la Chambre Syndicale de la bijouterie joaillerie. Son fils Lucien effectue son apprentissage dans quelques ateliers parisiens et suit une instruction compléte auprès des différents spécialistes de la Joaillerie Bijouterie. En somme, en 1878 lorsque Lucien entre dans les ateliers de son père il est capable d’effectuer les différentes opérations habituellement confiées à plusieurs ateliers- aboutissant à la création d’une pièce.

Une fois qu’il est parvenu à amasser ce savoir technique de base, Lucien Gaillard peut s’intéresser à ce qui l’intéresse vraiment : les innovations. Les innovations seront pour lui autant techniques qu’artistiques avec le Japonisme.

Dès son apprentissage Lucien Gaillard présente un grand intérêt pour le travail du métal. Ses efforts sont  récompensés à l’Exposition Universelle de 1889 au cours de laquelle il reçoit une médaille pour ses applications de gravures héliographiques sur des pièces de forme. Dès 1891 Lucien Gaillard poursuit ses recherches en s’inspirant de techniques issues de l’art japonais.

Lucien Gaillard continue ensuite régulièrement à obtenir des prix pour ses inventions et procédés telles que les patines obtenues par l’action dévorante des acides.

En 1900, l’atelier déménage du 101 rue du Temple dans le 3ème au 107 rue de la Boétie dans le 8ème arrondissement de Paris. Lucien Gaillard fait venir dans son atelier des artisans venus de l’ Europe entière et même du Japon. Deux personnages clés sont recrutés par Lucien Gaillard pour apprendre et transmettre l’art de la laque. Il s’agit de Seizo Sugawara futur célèbre maître laqueur d’Eileen Gray et Tsujimura. Ceux ci restent dans l’atelier de Lucien Gaillard de 1906 à 1910. Ils transmettent si bien leur art à ce passionné de japonisme que des objets en laque sont créés bien après le départ des artisans japonais. Lucien Gaillard connaît les plus grands spécialistes de l’art japonais de l’époque et fréquente la Galerie Bing ou le collectionneur Gillot. Dans la vision de Gaillard le japonisme est partout, dépassant les frontières des Arts Décoratifs pour s’étendre à la peinture.

L’influence du japonisme

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Peigne “Fleurs de prunelier”. Musée des Arts Décoratifs

Dès 1878, Lucien Gaillaird alors apprenti chez son père est très intéressé par le travail des artisans japonais de l’Exposition de la même année. C’est à partir de 1881 qu’il décide de s’en emparer : explorant les techniques et les formes pour les incorporer dans ses créations personnelles. Il réalise alors des peignes pour les cheveux. Ca y est Lucien Gaillard est LE bijoutier parisien japonisant. A la même époque René Lalique s’empare à sa manière du courant artistique.

Pour réaliser ses pièces Lucien Gaillard décide de faire appel à nombreux artisans : des ciseleurs, des laqueurs ou encore des bijoutiers venus directement de Tokyo. Il incorpore la technique de la laque, alors encore largement ignorée en Occident. Lors de l’exposition universelle de 1900 sa vitrine est très remarquée. Son succès sera continu lors des Salons de 1901 avec une troisième médaille, en 1903 une deuxième place et une première en 1904.

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Peigne “Fleurs de pommier”, 1902. Musée des Arts Décoratifs

Un art réaliste

Lucien Gaillard réussi à s’approprier l’art japonais et ses traditions méconnues en France. Il va cependant pousser encore plus loin le réalisme tout en gardant les influences japonaises avec le peigne Libellules. Il intègre dans ce dernier des insectes en actions, en train de ronger une feuille. Ce peigne est littéralement une déclaration technique et artistique.

Peigne-libellules-gaillardPeigne “Libellules”. Crédit photo: Rijksmuseum 

La corne et l’écaille sont les matières de prédilection de Lucien Gaillard. Matériaux ductiles transformables par chauffe, Gaillard décline les espèces florales et végétales. Ici par exemple le peigne « Aubépine » conservé au Musée d’Orsay, où le travail de la corne permet un naturalisme extrêmement poussé.

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Peigne “Fleurs et feuilles d’aubépine”. Crédit: Musée d’Orsay

En utilisant l’esprit et l’art japonais Lucien Gaillard a repoussé les techniques existantes tout au long de sa carrière. Choisissant les matières lui permettant d’atteindre un réalisme saisissant, et les inspirations lui permettant de pousser sa créativité il reste aujourd’hui un joaillier reconnu par les spécialistes et pourtant par bien des égards méconnus.

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