Les débuts
L’aventure de Robert Goossens et des bijoux couture commence dans son enfance. Goossens baigne dans l’univers du métal avec son père fondeur de bronzes d’art. Il commence son apprentissage d’orfèvre auprès d’un spécialiste en tabletterie (petite boîte précieuse) Monsieur Bauer. Dans les ateliers de Bauer comme dans ceux de monsieur Lefèvre chez qui Robert Goossens travaille, le créateur apprend la marqueterie de pierres, de bois ou de métal. Robert Goossens fréquente les zazous parisiens et aussi le parurier Max Boinet. Grâce à ce dernier s’ouvre pour Robert Goossens tout un univers lumineux qui l’amène à travailler pour Monsieur Degorce artisan travaillant déjà depuis quelques décennies pour les parures de Mademoiselle Chanel.
Les collaborations
Robert Goossens travaille d’abord indirectement pour Gabrielle Chanel par l’entremise de l’atelier Degorce. En 1953 avec le décès de Robert Degorce, Goossens commence à travailler directement pour Coco Chanel. Reprenant la tradition des ornemanistes français des XVIIème et XVIIIème siècles Robert Goossens trouve inspiration dans l’antiquité et le Moyen Age. Les motifs wisigoths et étrusques sont travaillés à l’infini pour évoluer et se parer de matériaux différents.
Coco Chanel est donc en 1953 la personne permettant à Robert Goossens d’exercer son art au service des bijoux couture. Ces deux personnages ont pour point commun d’aimer mélanger à souhait matières, couleurs, vrai et faux. Et c’est en restaurant une de ses croix pendentif composée de cristal de roche que Robert Goossens perçoit le formidable terrain d’expérimentation qu’il peut y avoir.
Cette collaboration avec Coco Chanel ouvre à Goossens de nombreuses autres opportunités avec d’autres créateurs : Cristobal Balenciaga, Christian Dior ou encore Madame Grès. Dans ses créations Goossens n’hésite pas à mêler pierres fines, pâte de verre, résine, bronze, argent, plaqué ou or, vrai et faux.
Ses styles d’inspirations sont multiples : antique (mérovingiens, aztèques) baroque, pop, naturaliste…
Les arts décoratifs et la décoration intérieure
Coco Chanel souhaite que les dessins de Robert Goossens s’épanouissent complètement. Elle lui commande donc en plus des bijoux pour ses collections couture des appliques, des tables, des vases… Pour ce faire Robert Goossens utilise le bronze doré, des bruts de minéraux comme l’améthyste ou la pyrite. Sur ce point il s’avère être un précurseur de sculpteur ou architecte d’intérieur des années 70 comme Duval Brasseur ou Guy de Rougemont. Pour Chanel, la décoration s’articule autour du thème de l’épi de blé. Ce thème a déjà été utilisé par le passé en joaillerie comme sur les broches et tiares du milieu du XIXème siècle.
Aujourd’hui à Paris si vous souhaitez avoir sous les yeux quelques exemples des arts décoratifs réalisés par Robert Goossens direction rive gauche à la galerie Rapin
Goossens aujourd’hui
En 2005 la maison Gossens est rachetée par la maison Chanel. Les modèles créés récemment reprennent le motif des épis de blé si chers à Gabrielle Chanel. On compte aussi d’imposantes manchettes comme le mythique bracelet serrure.
La partie patrimoniale de la maison Goossens est restée quelques années à Pantin au cœur des maisons d’art de Chanel. Les bijoux couture de la maison Goossens côtoient les ateliers de broderie Lesage, Lanel, le bottier Massaro, le plumassier Lemarié ou encore le gantier Causse. Aujourd’hui le 19M d’Aubervilliers présente quelques uns des talents réunis de l’artisanat d’excellence. Onze métiers d’art sont réunis dans un bâtiment d’exception conçu par Rudy Ricciotti. L’occasion de faire dialoguer les cinq sens entre eux et de révéler au grand public des métiers d’artisans-artistes. Le savoir faire et le faire savoir… Tout un art que possédait Gabrielle Chanel !
Anne Pellerin
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